Quelle est donc cette langue que me parle la musique ?

Voici déjà quelques années que la musique me permet de peindre des tableaux abstraits et d’exprimer les sentiments les plus profonds.

Souvent, je me pose cette question : pourquoi et comment la musique parvient-elle à guider mon bras et ma main ?
Je sais bien que peinture et musique ont des correspondances évidentes.Des artistes peintres tels Kandinsky, Klee et Kupka ont conçu de nombreuses oeuvres à partir de la musique. D’autre part, les musiciens ressentent également les formes et les couleurs. Messiaen a une perception visuelle des sons et Pierre Boulez consacre un livre à Klee « Le Pays Fertile : Paul Klee » (Gallimard).

 

Mais alors, « Quelle est donc cette langue que me parle la musique ? »
Et si je parviens à saisir ce langage, mes peintures n’en deviendraient-elles pas plus riches, plus émouvantes…. ??
Connaître le compositeur, sa vie ses émotions et les circonstances de la création d’une de ses œuvres est une première démarche indispensable.

Intriguée par les exemples que Kandinsky donne dans son ouvrage « Point et ligne sur plan », je me suis demandée si les notations musicales (portées, notes, ….) et les formes musicales (sonate, fugue, symphonie …) me conduiraient vers un langage pictural nouveau ? Pourrais-je imaginer de nouvelles esquisses à étendre sur la toile, trouver des mots clés pour exprimer les sentiments que je ressens à l'écoute de la musique.

Mon époux, qui a appris à lire la musique, m'a expliqué cet exemple de Kandinsky tiré de la Cinquième Symphonie de Beethoven. Il a recopié les thèmes les plus significatifs de chaque mouvement et m'a expliqué comment Beethoven a traduit le motif du Destin et comment ce motif est repris tout au long de chaque mouvement. J'ai aussi appris que Beethoven a composé cette oeuvre alors que sa surdité devenait irréversible. J'ai lu « Le Testament d'Heyligenstatt » et j'ai compris tout le désespoir de cet homme.

Munie de ces informations, notations musicales, et imaginant ce que Beethoven devait ressentir en composant cette musique,
j'ai commencé à chercher comment exprimer ces quatre notes fatidiquesle motif du destin,

Une première idée comme.........ou encore......ou encore...
Ainsi, pour chaque mouvementà partir des notations musicales

j' imagine des formes et des lignes...



Après de nombreuses esquisses,
je commence à concevoir une première toile
qui traduit et le motif du destin
et la sérénité évoquée par le second mouvement.


Le 3ème mouvement m' interpelle très fort.
Les premières mesures, aux violoncelles et contrebasses,
expriment un espoir,

soudain, avec force, les cors entonnent le motif du destin

L'angoisse revient, d'autant plus forte qu' un motif circulaire
exposé en fugue hante la partie centrale.

On a l'impression d'être attiré dans un tourbillon. Je rassemble ces thèmes dans une seconde toile.
Nourrie et imprégnée de ces découvertes, je me sens prête à concevoir la symphonie comme un seul tableau.
Avec différents outils, spatules, couteaux, ..., je « grave » mes émotions par couches superposées de « gesso ». En toute liberté, le bras et la main impriment sillons, à plats, courbes, et révèlent mon inspiration.
Puis, vient la couleur. Je travaille avec une palette de jaune, d'orange, de vermillon pour traduire force et espoir, et de bleu pour traduire l'intimité, le repli sur soi, l'angoisse, bref, le spirituel qu'inspire cette oeuvre. Je réserve le noir pour tracer les mouvements de révolte, le noir et le blanc aux motifs du destin et de lutte.

Impressionnée par la transition entre l'angoisse, et la délivrance, passage que Beethoven exprime par un sourd battement continu et crescendo des timbales, j'ai construit cette échelle qui monte inlassablement vers l'espoir de délivrance,

  

neuf figures d'un orange éclatant

qui reprennent le thème du finale


Avec ce travail, je suis parvenue à introduire dans mes tableaux abstraits une dimension lyrique à partir d' écritures musicales.
J'enrichis mon langage pictural qui exprime mon ressenti à l'écoute d'une oeuvre de répertoire. Cette approche n'enlève rien à la spontanéité de mon geste, la complète plutôt.
A l'issue de plusieurs mois de recherches, de travail, de doutes, de bonheurs, j'ai exploré et approfondi une écoute qui m'a fait découvrir et apprécier cette cinquième symphonie de Beethoven. Plus encore, cette série de tableaux me conforte dans mon parcours pictural et je me sens à l'aise pour créer de nouvelles compositions.
Pour conclure, je souhaite qu'à la découverte de ces toiles, le spectateur puisse entendre mes tableaux chanter, sans penser à la musique et, surtout, ressentir l'émotion que j'ai éprouvée.
Depuis, j’ai réalisé d’autres tableaux à partir la symphonie Rhénane de Schumann, du Prélude de l’Or du Rhin de Wagner, le second mouvement de la Pastorale de Beethoven et d'autres encore que je découvrirai avec autant de passion.
Je découvre ces aspects de la musique au cours des conférences et exposés de Jean-Marc Onkelinx tant à L'Orchestre Philarmonique de Liège, à l'Opéra Royal de Wallonie ainsi qu'à l'Université du Troisième Age.

 

 

 

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